Catégories
blogpostsfr FR piktocharts

Michel : la loi compétitivité pour baisser les salaires à vie

En 2019, les partis francophones veulent tous faire marche arrière (merci les « Gilets Jaunes ») sauf le MR, seul parti francophone au gouvernement fédéral (en affaires courantes) jusqu’aux élections fédérales, régionales et européennes du 26 mai 2019.

Piktochart 2017. Sources : ONSS; FGTB : Baromètre socio-économique 2016 ; Rapport du Parlement sur la loi compétitivité de 1996.

La réforme du gouvernement de la loi du 26 juillet 1996 relative à la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétitivité (entrée en vigueur au 1/01/2017), votée au parlement fédéral, garantit la baisse des salaires à vie, alors que le handicap salarial est jugulé! Pour le Premier Ministre, la réforme a contribué à soutenir la création de 220.000 emplois en 4 ans (peu importe leur précarité).

La brochure « tableau de bord » du SPF Economie souligne que « la loi du 19 mars 2017 crée la possibilité d’adapter de façon préventive les coûts salariaux en Belgique à l’évolution attendue des coûts salariaux chez nos trois principaux partenaires commerciaux (l’Allemagne, la France et les Pays-Bas). La norme salariale qui constitue un cadre pour la concertation sur les salaires, ou encore la marge maximale pour l’évolution du coût salarial, a été fixée à 1,1 % pour la période 2017-2018″. On a donc convoqué Mme Irma pour gérer la compétitivité belge. Une réforme 2017 qualifiée « d’usine à gaz » par le cdH… (LLB, 6/02/2019) Ce que ne dit jamais le gouvernement Michel c’est que les politiques salariales menées en Allemagne comme aux Pays-Bas vont dans le même sens que les nôtres : l’appauvrissement généralisé d’une majorité de travailleurs, et surtout affamer les chômeurs sans créer de « vrais emplois durables » mais bien de la précarité pour tuer la prospérité, la sécurité d’existence.

Big (1988)

Gilets Jaunes : « Marre des fins de mois difficiles »

La compétitivité des entreprises a toujours été l’alibi des poltiques belges comme européennes très antisociales. Aujourd’hui, les méfaits des politiques austéritaires, celles qui ont baissé le niveau de vie des Belges et cassé leurs droits sociaux ne sont plus à démontrer. Vu la prééminence de la revendication de plus de pouvoir d’achat, en période électorale, de la part des électeurs appauvris massivement, tous les partis francophones, sauf le MR au gouvernement, sont d’avis qu’il faut à nouveau revoir la loi sur la compétitivité.

Après avoir gouverné pour les patrons, il faut se faire élire par le peuple, qui n’en peut plus de se serrer la ceinture.

Réformer la réforme, ça n’a guère de sens. Garder comme acquit le concept le plus nocif à la base de la quête insatiable de profit à tout prix : la compétitivité comme étalon de la norme est stupide et mortifère. Seul le PTB veut, lui, laisser la concertation sociale régler seule les niveaux de salaires et dringuelles accordées aux chômeurs, c’est extrêmement dangereux comme position, vu le déséquilibre croissant entre l’influence patronale qui croit et syndicale qui s’effrite et les orientations économiques favorisées qui sont le contraire du bon sens et de la réponse à l’urgence climatique comme sociale.

Le débat interdit : le vrai « coût du capital »

Idéologiquement bornés, les politiciens belges comme européens ne veulent pas pousser le raisonnement critique jusqu’à remettre en question le système économique prôné, qui non seulement aggrave la pauvreté des citoyens pour enrichir une minorité mais surtout pousse à la compétition exacerbée jusqu’à l’épuisement des ressources finies de la planète. Grâce au mouvement Youth for climate, des adolescents mobilisés ici et dans le monde entier, qui ne faiblit pas, il faudra bien s’interroger s’il y a lieu de continuer à vouloir à tout prix trouver des solutions qui permettent de prolonger un système voué à nous détruire tous. La bataille n’a pas été gagnée, la Belgique (des droites pro-patronales) n’a évidemment pas poussé pour que le Conseil européen impose la neutralité carbone pour 2050, mais cette Belgique-là va le payer cher le 26 mai prochain.

Les chantres des marchés et des banquiers, ceux qui ont provoqué la crise de 2008 (et les « opportunités de casser les réglementations protectrices des travailleurs et la sécu) continuent leur prosélitysme des marchés financiers. Mais qui les croient encore?

Et certains économistes sont en effet atterrés par cette non prise en compte du risque que représente le coût réel du capital. « Ce qui donne toute son actualité à la présente étude est qu’elle vient opportunément rappeler que tous nos problèmes économiques ne proviennent pas – loin de là – d’un manque de compétitivité des entreprises françaises, imputable, qui plus est, à un coût du travail trop élevé. Non seulement il est possible, comme on le verra, de récuser cette ligne de diagnostic et d’explication, mais encore, il est urgent de rappeler que nous avons bien d’autres problèmes, autrement pesants et structurels, que la compétitivité. L’essentiel de ces problèmes structurels, nous les partageons, à des degrés certes divers, avec la plupart des pays développés, et ils persistent depuis une trentaine d’années. L’ensemble des pays qui ont dominé économiquement la période fordiste ont en effet connu, depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979, des performances macroéconomiques très médiocres, s’accompagnant de poussées récurrentes du chômage – quand ce n’est pas une persistance de ce dernier à des niveaux élevés – d’une montée des inégalités, d’une explosion de la pauvreté. »

En guerre (2018)

Et d’ajouter « La partie qui est en train de se jouer depuis une trentaine d’années pourrait ainsi s’appeler « la revanche de la propriété sur l’entreprise, ou la revanche de la rente sur l’activité ». Si donc une partie de nos malheurs présents a quelque chose à voir avec un coût (chose qui parle immédiatement aux économistes), ce serait plutôt avec le coût du capital« . [Le coût du capital et son surcoût. Sens de la notion, mesure et évolution, conséquences économiques Laurent Cordonnier (CLERSÉ, Université Lille 1) et al, 2013.]

Corine Barella (article initialement publié sur actuchomage.info en 2017 et mis à jour)

Publicité